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Consacrer un article sur la bande dessinée “franco-belge” (comme on a coutume de l’appeler, du moins en France) peut paraître curieux dans un blog consacré aux voyages.
Quel rapport en effet entre le rat de bibliothèque (que je suis toujours ^^) et le globe-trotter ? La réponse est simple : la curiosité ! L’envie de vivre, comme le dit si bien Amélie Nothomb, plusieurs vies. Le livre n’est-il pas déjà un voyage ?
Je n’ai que peu voyagé physiquement durant l’enfance. Mais ces bandes-dessinées et autres romans d’aventure ont forgé mon goût pour l’ailleurs.
L’icône des globe trotters
Ainsi le virus de la lecture commença tout bêtement en ce qui me concerne par une aventure de Tintin. La neutralité du personnage – car on sait si peu de choses sur ce héros – permet de s’identifier très facilement à ce jeune et chétif reporter.
C’est donc tout naturellement qu’on vit ses tribulations aux quatre coins du monde. D’abord à travers ses yeux d’enfant, où on ne retient que les péripéties haletantes et les maladresses drolatiques de ses acolytes.
Un regard plus adulte permet de comprendre tous les enjeux politiques de l’œuvre d’Hergé, alias George Rémi, notamment sur l’aspect “colonial” ou le passé trouble de l’auteur – car la période l’était dans sa jeunesse. Comme je dis toujours, il faut comprendre avant de juger, aussi je vous invite à visiter le musée Hergé et à consulter tous les documents sur le sujet.
Ceci étant, je ne vais pas rentrer dans ce débat, car ce n’est pas le propos de ce blog de voyages, mais simplement, quoiqu’on pense de la sincérité de l’auteur dans sa bienveillance envers tous les peuples (ce qui est une certitude en tout cas de la part de Tintin) ou de la vision géopolitique de nos aïeuls européens, tout cela relève désormais d’un témoignage historique.
Toujours est-il que chaque fois que je prends le bateau, l’avion ou simplement que je me trouve dans un aéroport, je ne peux m’empêcher d’avoir une pensée pour ces lectures qui remontent au printemps de mon existence.
Pour l’anecdote, j’avais rencontré succinctement le véritable Tchang (Zhang Chongren de son vrai nom), au cours d’un festival du neuvième art, quelques années à peine avant sa mort. Celui-là même dont le double de papier avait été recueilli par le yéti dans l’immensité escarpée des roches neigeuses de l’Himalaya.
Le musée de ma propre enfance
Voilà qui pourrait passer pour un trait d’esprit, voire une pique, envers la BD franco-belge, que les mauvaises langues jugeraient poussiéreuse face à la culture “Manga” notamment. Est-ce qu’un enfant peut résister à la tentation de la bande dessinée nippone (dont je suis moi-même admiratif de certaines séries), souvent transposée en animation ou en jeu vidéo?
Je pense que la bande dessinée francophone – à la qualité indiscutable – a encore des atouts dans sa manche, même si ça me paraît plus compliqué qu’autrefois. Les adaptations en séries télévisées ou cinématographiques (Astérix, Lucky Luke, etc.) ainsi que certains succès inattendus (tels que Titeuf) suffiront à consolider cette culture pour longtemps encore.
Non, la BD francophone n’est pas morte, loin de là. Elle cohabite par ailleurs très bien avec celle du monde entier.
Ainsi, en rentrant dans ce musée, un émerveillement teinté de nostalgie s’est emparé de moi.
Tous les personnages de ma jeunesse – ou presque – étaient là. Pas seulement sur les murs, derrière une vitre glacée, non physiquement j’entends.
À dire vrai, c’est totalement par hasard que j’ai découvert ce musée. Je baguenaudais sans but près du jardin botanique quand j’aperçus dans la rue un immense Gaston Lagaffe autour duquel s’étaient attroupés quelques photographes.
Il trônait là, avec l’indolence qu’on lui connaît, au milieu d’une myriade de cars de tourisme garés sur des espaces dédiés, comme un appel cocasse à entrer dans ce temple du neuvième art.
J’imagine que les touristes étaient davantage présents pour la cathédrale Cathédrale des Saints Michel et Gudule, le parc Botanique ou le quartier musulman de Brabant (connu pour son semblant de souk) situés non loin. Tout cela se trouve à proximité de la station Botanique.
Je descendis les marches qui se trouvaient derrière Gaston et remontais la rue pour me mener dans l’antre du musée, par chance ouvert un dimanche.
Si j’avais su, j’aurais apporté mon équipement photo ! Au lieu de ça, je me suis contenté de mon smartphone. De toute façon, il eût fallu que je maîtrise davantage les règles de base de la photographie (ce à quoi je me suis attelé sérieusement depuis, grâce au tuto de Romain ^^).
Pas le temps du buller
Le hall d’entrée vous invite déjà à la rêverie, avec ses quelques personnages bien connus, dont Spirou et Astérix, et même une “Citroën 2cv” rouge sur laquelle le regretté Dupa a dédicacé son Cubitus.
Il y a bien évidemment une boutique de souvenirs, qui tient plus de la librairie pour le coup. On trouve également une bibliothèque, plus discrète, qui pour une modique somme vous permettra de vous (re)plonger dans de très bonnes lectures.
La vraie visite commence après avoir monté les escaliers qui mènent à l’entrée du musée. C’est donc un véritable parcours qui vous attend, avec là encore, un grand nombre de maquettes grandeur nature (sauf pour la fusée ^^ Par contre, c’est amusant de voir une maison de Schtroumpfs en taille réelle).
Il y a même le lit du “Little Nemo” et quelques “invités” du pays du soleil levant.
La partie qui m’a intéressée le plus est celle consacrée à la création, avec cette tablette à dessin qui m’a tout simplement fait saliver.
L’idée, dans ce superbe bâtiment, est de vous immerger totalement dans le neuvième art. Pas seulement par les très nombreuses “planches” accrochées au mur, mais par exemple, avec un détail cocasse : la veste et le pantalon (oui curieux ^^) de Spirou accrochés à un porte-manteau.
Vous me direz, ça reste un peu léger ne serait-ce que face au parc d’attraction du célèbre petit gaulois. Sauf que là, on a vraiment l’impression d’être au cœur de quelque chose : l’âme même de la bande-dessinée franco-belge, presque palpable, celle-là même qui a tant apportée aux lecteurs, et donne tant encore.
Informations pratiques
Horaires et tarifs
Centre Belge de la Bande-Dessinée,
Rue des Sables 20 – 1000 Ville de Bruxelles
Tél : +32 2 219 19 80