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Partir au Maroc en bus présente plusieurs avantages. Cela justifie-t-il pour autant d’opter pour cette solution face au choix évident de l’avion ?
Tel un Sherlock Holmes des temps modernes (oui bon, laissez-moi rêver un peu ^^), j’ai à la fois enquêté et testé à deux reprises.
Expériences intéressantes
Dans le récit intitulé “Conte de Fès”, où j’évoque de façon intimiste ma relation très particulière au Royaume du Maroc (je sais, ça fait un peu “dans l’épisode précèdent”), je vous ai parlé de mon ancien collègue de travail qui était censé m’amener à Fès en voiture.
Or, ce projet n’ayant pas pu se faire, j’avais dû prendre l’avion, déçu de passer à côté d’une potentielle aventure.
J’avais bien des amis qui avaient de la famille sur les terres marocaines, et donc pouvez m’y conduire, mais fallait-il encore que nos agendas coïncident.
Ceci étant, en se débrouillant, on peut bien évidemment faire le même itinéraire en co-voiturage. Ce type de Road Trip me semble plus aventureux, plus personnalisé dans le rythme, mais plus compliqué à mettre en place et sans doute plus onéreux pour un résultat assez similaire. Tout dépend de ce que vous recherchez.
Toujours est-il que pour mon deuxième voyage au Maroc, cette fois-ci à destination de Rabat, j’avais décidé de prendre le bus.
Je me suis donc rendu à Paris (point de départ le plus pratique pour moi, et qui garantie davantage de destinations possibles au Maroc), plus précisément à la gare routière Gallieni, centre névralgique si je puis dire du prestataire de cars internationaux le plus connu de France : Eurolines.
Rien de particulier à signaler une fois arrivé par le métro. Rappelons que la réglementation du métro parisien et du RER interdit les bagages de plus de 75cm en longueur. Encore que le bagage tenu vertical et en dehors des heures de pointe, cela ne devrait pas poser de problème. Dans les bus et trams, la taille est réduite à 45cm et le poids à 10kg (ne s’applique ici qu’en heure de pointe).
Quoiqu’ils en soient, c’est toujours un peu laborieux de se coltiner des bagages lourds dans les transports en commun ^^’ Ce pourquoi je cherche à voyager le plus léger possible.
Le hall de la gare routière Gallieni ne déroge pas à la règle des gares ferroviaires ou aux aéroports : il vous faudra faire preuve de patience et passer les tests de vérification des passeports et du poids des bagages.
L’exaltation des départs, teintée de la légère crainte de l’inconnu, sera aussi au rendez-vous.
Chauffeur, si t’es champion !
Bourdonnement du moteur. Les portes se ferment automatiquement. Le car prend place sur le périphérique.
Mais alors qu’on est en droit de penser que le bus va tracer la route, ce dernier s’arrête peu de temps après notre départ, dans une autre gare routière (ça ne m’est arrivé qu’une fois, ceci dit). Incompréhension.
C’est là que je fais la connaissance d’un Australien, qui allait m’accompagner pendant tout le trajet. Ce dernier semblait préférer Paris à Londres, “plus exotique” selon lui. C’était bien la première fois que j’entendais dire que la France était exotique 😀
Ça y est. Cette fois, c’est la bonne. Le bus de tourisme s’engage sur l’autoroute (non sans vous rappeler d’agréables souvenirs d’écoliers, lors des sorties scolaires et autres colonies de vacances).
La route a un côté apaisant. À l’instar du train, on a l’impression de voyager directement sur une ligne du temps, de la percevoir concrètement.
Le car met plusieurs heures à atteindre l’Ouest, que je connais bien pour m’y être souvent rendu en voiture, et ce de façon plus rapide. Pas grave, j’ai le temps et je n’ai pas à faire preuve de vigilance au volant. Il y a de fortes chances que votre car fasse des escales pour faire monter de nouveaux passagers, notamment à Bordeaux.
La faim justifie les moyens
Les pauses repas se font sur des aires autoroutières. Libre à vous de ramener de quoi vous sustenter grâce à la nourriture contenue dans votre sac (ce qui ne me paraît pas génial), d’acheter un petit quelque chose ou de passer au restaurant. Pour la dernière option, attention de ne pas oublier que votre temps est limité. Encore que je n’imagine pas les organisateurs se restaurer autrement que dans un self-service autoroutier et profiter d’un temps de repos bien mérité et sécurisant.
Il faut tout de même avouer que ce n’est pas des plus commodes, ces pauses repas. Soit vous mangez rapidement et vous trouverez le temps long, soit vous risquez de trop tarder et donc de vous faire remarquer par les autres passagers mécontents, voire même être oublié (j’ai une anecdote authentique à ce sujet, que je raconterai certainement dans un autre article).
La suite se fait par un passage par les Pyrénées, derniers remparts avant l’Espagne. La nuit est proche ou déjà là, selon la saison. Certains passagers somnolent. Et il y a les autres, comme moi, qui ne parviennent pas à dormir profondément dans un transport. Les chauffeurs se relaient, soit en faisant un changement lors des escales, soit en utilisant la couchette en alternance (dire que dans un futur proche, la conduite informatisée viendra changer tout ça).
Mon réveil, semi-comateux, est néanmoins magique. Les splendides paysages de l’Espagne s’offrent à moi. J’avais alors le sentiment qu’à ce moment précis, le voyage commençait vraiment.
¡Viva España!
Il serait bien long de décrire tout ce que j’ai pu voir. Je retiens seulement ces hommages macabres aux taureaux, glorifiés sous forme de pancartes noires et immenses, à la silhouette bovine. L’amour et la mort, les deux mamelles de la vie.
La corrida est majoritairement condamnée en France, bien qu’elle ait ses aficionados, mais ici elle semble être ici une vraie fierté.
Les arrêts sur les aires de repos espagnols laissaient vraiment à désirer. Difficiles à dire s’il agit d’exceptions. Les lieux d’arrêt étaient isolés, le service déplorable, et la qualité des produits parfois douteuse. Je me souviens avoir été oublié lors d’une commande d’un simple café !
Comprenez bien qu’il s’agit d’un rapide aperçu. Ça ne reflète en rien l’idée générale qu’on pourrait se faire de l’Espagne et des Espagnols. Et en France, le service est toujours à la hauteur, c’est bien connu 😉
Le passage imaginaire
Algeciras : le temps du ferry arrive enfin. Nouvelle attente. Période floue pendant laquelle on ne sait pas trop ce qu’on doit faire. Quelqu’un me confie :
– “ Et encore, ça va. On est hors saison. L’été ici ça peut être terrible avec le monde fou qu’il peut y avoir !”
Pour l’aller, le contrôle douanier espagnol ne m’a pas laissé de souvenirs particuliers.
La traversée est certainement le meilleur moment du voyage. Le mythe bien connu prétend que c’est Hercule (je ne parle pas de notre rédacteur en chef ^^), par sa seule force musculaire, qui serait à l’origine du Détroit de Gibraltar, en séparant l’Europe de l’Afrique. L’imaginaire se retrouve aussi sur le principe que la bateau navigue sur une ligne, un pointillé qui marque la séparation entre l’Océan Atlantique et la Méditerranée.
Certains ont dormi sur le navire, d’autres ont acheté des produits dans les boutiques hors taxes. Je n’ai rien fait de tout cela, préférant explorer l’embarcation et contempler les eaux moutonnantes qui nous portent.
Les formalités de douane se font dans le bateau. J’aide mon voisin de siège australien à remplir ces papiers. À l’arrivée, le bus peut faire l’objet d’une fouille minutieuse (il paraît que des billets peuvent faciliter le passage, mais c’est là aussi une légende ^^).
Le car reprend la route, cette fois-ci dans ce qui semble être un autre univers. Plus que jamais, l’autocar permet d’observer les contrastes de couleurs, de reliefs et des sons ambiants. La transition est plus douce. On semble davantage avoir mérité notre présence, vécu une expérience que nos compatriotes ayant de la famille au Maghreb connaissent bien.
Avantages et inconvénients
L’intérêt premier de prendre la route pour le Maroc est sans doute la peur de l’avion. Oui, on n’y pense pas toujours, tant les vols semblent aujourd’hui rapides et sécurisés, mais la phobie de se retrouver dans le ciel est une réalité – que je ne me permettrai pas de juger.
Ceci étant, elle risque fort d’en présenter une autre : monter sur un bateau (bah oui, à moins d’y aller à la nage ^^).
Quant à la sécurité, la route est plus accidentogène. Et il faut prendre en compte les statistiques des accidents en France, en Espagne et au Maroc.
Des prix intéressants ?
Les tarifs sont plutôt équivalents : avion lowcost et bus oscillent entre 100 et 300€. Tout dépend de la saison, des promotions éventuelles et du point de départ (forcément le sud de la France est avantagé).
Toutefois, une rapide comparaison effectuer au moment de la rédaction de cet article (juin 2015), montre des prix en-dessous de 200€ avec “Royail Air Maroc” et “Ryanair” pour une même destination (Marrakech) et une même période.
Il y a un coût supplémentaire en bus auquel on ne pense pas toujours pour faire un comparatif : le repas est offert en avion, ce qui n’est pas le cas en bus, d’autant qu’il y a plusieurs repas.
Vous me direz, “oui, mais ces repas, on les fera aussi, transport ou pas”. Certes, mais vous n’êtes pas libres de vous restaurer comme vous le voulez.
Avantages
- Alternative aux phobiques des transports aériens
- Idéal pour les amateurs de Roadtrip (encore que ça ne vaut évidemment pas la voiture)
- Tarifs avantageux sous condition
- Poids autorisés plus élevés sur les marchandises (économie donc)
- Côté convivial
- Traversée de l’Espagne (avec son lot de paysages superbes)
- Traversée en Bateau
- Traversée du Maroc (à commencer par Tanger. Même intérêt que pour l’Espagne)
Inconvénients
- Vous avez plus de chance de trouver un billet d’avion moins cher (si vous êtes flexibles dans les dates)
- Vous passerez moins de temps au Maroc
- Fatiguant (vous devrez certainement vous reposer longuement en arrivant)
- Peut paraître long (en cas de voisins gênants, d’autocar pas au top, etc.)
- Il ne faut pas avoir le mal de mer
- Repas non pris en charge (à contrario des compagnies aériennes – pour ce qu’il vaut ^^’)
- Peu de chance de trouver une prise électrique ou du wifi
Conclusion
Le trajet France-Maroc en autocar est une expérience à vivre, pour peu que vous aimiez les Roadtrip (ce qui est mon cas).
Mais je lui préfère tout de même le trajet en avion et profiter au maximum du temps passé sur les terres marocaines. Et je pense que ça vaut pour n’importe quel touriste. Le voyage en bus me paraît plus adapté pour des destinations européennes et pour une distance moyenne.
Un ami marocain m’a dit que le poids des marchandises était un critère très important, ne serait-ce pour la tradition bien connue des marocains, pour qui il est inconcevable de rentrer « au Bled » sans une montagne de cadeaux. Il s’agirait de n’oublier personne 🙂 Aussi, on peut se douter que ces trajets en autocar perdureront sans problème.
Il peut paraître paradoxal d’aimer voyager sur les routes et préférer l’avion pour se rendre au Maroc. Sauf que, une fois sur place, le roadtrip me semble plus intéressant. Certes, les routes marocaines ne sont pas des plus sûres (j’ai eu quelques sueurs froides pour ne rien vous cacher).
Si vous devez voyager sur les routes du Maroc, ou si vous voulez faire des économies, je vous recommande d’aller plutôt dans une gare routière et de choisir la compagnie ATM (c’est ce que mes amis marocains me répètent tout le temps). Par contre, j’ai remarqué que l’heure des départs est très flexible : « le car partira quand il sera suffisamment rempli ! Inch’Allah ».