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Voyager est une aventure qui devrait être accessible à tous, que ce soit par nécessité ou par goût. Aussi, fidèle à la devise « Vojagado.fr, le blog voyage pour tous ! », je m’intéresse naturellement aux solutions qui permettent de voyager moins cher (et je suis le premier que ça arrange).
L’une d’elles a particulièrement retenu mon attention, tant j’ai trouvé les prix incroyablement bas, à savoir substituer le train par le car de tourisme.
En la découvrant, j’avais alors très envie de tenter l’expérience, et le fait que je devais me rendre à Grenoble en partant de Lille tombait à point nommé.
Je pourrais ainsi répondre à la question : est-ce vraiment un bon plan ?
Les bus Macron
J’ai longtemps considéré que, en comparaison de certains pays que j’ai visité, voyager en France était un luxe, et ce, même en ramenant le coût de la vie dans ces pays à celui de l’Hexagone.
Respectivement, autoroutes, trains et avions peuvent rapidement vous coûter plusieurs centaines d’euros pour un aller-retour.
Certes, le covoiturage, forme mercantile de l’autostop, est désormais suffisamment développé pour être une alternative intéressante.
Côté transport ferroviaire, en attendant la concurrence prévue vraisemblablement aux alentours de 2020, notons toutefois l’existence de Ouigo, filiale de la SNCF désormais bien connue, qui propose des trajets en train moins chers. J’ai testé il y a quelques années déjà, et c’est comparable à une seconde classe en TGV (il y avait toutefois des problèmes d’organisation, sans doute à cause du succès !).
Quant aux voyages internationaux, la société Eurolines propose depuis des années une alternative à l’avion (du moins dans un périmètre raisonnable évidemment), qui présente des avantages et des inconvénients.
Mais ces trajets nationaux en bus à prix cassé me semblaient être une révolution.
Si vous avez suivi l’actualité ces derniers mois, vous aurez sans doute entendu parler de la libéralisation des lignes de bus, initiée par le ministère de l’économie en juin 2015, qui porte le nom de loi Macron, et dont on ne retiendra dans le cadre de ce blog de voyage que la partie transport.
Ainsi, quelques compagnies de bus low cost ont répondu à cette nouvelle donne. Les plus connues sont :
– Ouibus, alias “IDbus”, autre filiale de la SNCF,
– Flixbus, compagnie allemande,
– Megabus, compagnie écossaise, qui s’est déjà implantée sur le marché américain,
– Starshipper, compagnie française,
– Isilines, filiale low cost d’Eurolines.
Une rapide recherche sur le Web m’a permis de comparer les prix, tous très bas.
J’étais alors très suspicieux, au point de me demander si ça ne cachait pas des frais. La suite me prouva que non. Pour ce qui est du service, j’y viens 😉
Le test
J’ai choisi de tester Flixbus et Megabus, qui proposaient des prix tout simplement hallucinants. 6,50€ en tout, soit moins cher qu’un sandwich avec boisson !
Ouibus ne couvrait pas encore le trajet au moment de ma réservation, et je décidais d’ignorer Isilines (dont l’offre, au moment de mes recherches, n’était pas aussi intéressante que ses concurrents).
Aller Lille-Paris avec Megabus
En ce vendredi 23 octobre 2015, à Lille, l’imposant car de tourisme Megabus est déjà là, avec une heure d’avance. Je vais à la rencontre du chauffeur, habillé aux couleurs de la compagnie, pour savoir si je peux attendre à l’intérieur du véhicule. Le conducteur, très sympathique, n’y voit aucun inconvénient. Au contraire, rien de mieux qu’un passager avec qui discuter pour tromper l’ennui. Après la vérification d’usage de mon titre imprimé par mes soins, me voici à l’intérieur d’un bus tout ce qu’il y a de confortable.
Le chauffeur m’explique qu’il a préféré arriver de bonne heure pour ne pas trop subir les embouteillages. Nous parlons d’uberisation de l’économie mondiale qui, quoiqu’on en pense, semble inévitable, changement de modèle économique qui précède la robotisation générale des services de transport (entre autres).
Les passagers arrivent peu à peu. Beaucoup de jeunes, sans doute des étudiants. Quelques touristes aussi. J’entends parler anglais et japonais.
Le bus part à l’heure. Tant pis pour les retardataires.
Considérant l’état du trafic, je suis content de ne pas être au volant. Toutefois, l’arrivée à Paris se déroule sans problème, avec même un peu d’avance. Rien à redire, sauf un wifi capricieux.
L’ironie veut que la station d’arrivée soit à deux pas du ministère de l’économie !
Aller-retour Paris-Grenoble avec Flixbus
Les correspondances, si vous traquez les prix les plus bas, peuvent être très espacées dans la journée. Ça peut paraître désagréable, mais l’attente fait partie de tout voyage, et je vous conseille de ne pas prendre vos correspondances trop proches, à cause des embouteillages possibles (surtout à Paris).
Par contre, la gare routière de la porte Maillot n’est pas des plus agréables. Et encore, j’ai eu de la chance : temps ensoleillé et douceur automnale. Mais une gare non couverte (ou très peu), sans véritable espace d’attente avec sièges, un jour de pluie ou de neige, mieux vaut que votre bus soit à l’heure !
Alors que l’heure de mon bus se rapproche, je ne le vois toujours pas arriver sur le vaste parking. Personne pour me dire ce qui se passe. Je croise alors des voyageurs, dans la même attente et les mêmes interrogations que moi. L’un d’eux finira par me confier qu’il a appelé la compagnie Flixbus, et que ce dernier aura un retard estimé à 15 minutes.
C’était plutôt vrai : le bus vert signé du nom de la compagnie arrive. Les passagers se jettent alors sur le véhicule. Une certaine pagaille s’installe. Je prends pitié de ce pauvre chauffeur qui doit gérer ça, après le long parcours qu’il vient d’effectuer. Il doit élever la voix, mais reste courtois. C’est un brave type qui doit composer avec l’éternel esprit râleur français.
Là encore, beaucoup d’étudiants, de touristes étrangers et tous ceux qui cherchent les bons plans.
Finalement, le départ se fait sans trop d’histoire. Le trafic sur le périphérique parisien est difficile. Le chauffeur souffle son exaspération. Il faut dire que c’est un vendredi soir, pendant une période nationale de vacances. Il y avait de grandes chances que le temps de trajet ne corresponde pas aux prévisions.
Le parcours se passe sans encombre, tandis que le soleil songe à aller se reposer.
Il n’y aura qu’un seul arrêt pour se restaurer sur une aire d’autoroute, arrêt qui prend tout son sens pour le chauffeur. Malgré un effort pour ne pas repartir trop tard, il était impossible de rattraper les deux heures de retard (en grande partie lors de la sortie de Paris).
Je ne suis pourtant pas mécontent de contempler Lyon, parée de ses lumières nocturnes.
Le retour se fera dans des conditions équivalentes, le retard en moins. Sauf qu’il y avait une légère odeur de carburant dans le bus qui finira heureusement par se dissiper.
Le conducteur de car à l’accent germanique me sembla plus expérimenté, car il nous gratifia d’un raccourci et nous pûmes sortir de Grenoble en deux minutes.
fLes prises électriques fonctionnaient (encore que le chauffeur avait oublié de les activer). Mais le wifi “MeinFernbus” était inexistant.
Des enfants, sans doute impatients, commençaient à s’agiter après quelques heures de route. La sensation de retrouver une partie de ma scolarité était alors totale. Ça devenait peu à peu pénible, tandis que le chauffeur eût bien du mal à les calmer. Il aura fallu entrer dans Paris, qui visiblement leur était inconnue, pour atténuer leur agitation, remplacée par un émerveillement manifeste.
C’est avec 30 minutes de retard que je fus de nouveau à la gare routière de la porte maillot.
Dernier trajet calamiteux
Mon impression générale était alors que, pour peu que l’on ne soit pas pressé, ces trajets en bus étaient plutôt avantageux.
C’était sans compter le couac du retour Paris-Lille avec Megabus.
J’étais alors entré dans la gare routière de Bercy avec une certaine avance. J’examinais plus en détail ce lieu, tout aussi glauque que sont les parkings. Bien que non chauffé, il avait au moins le mérite d’être couvert. Mais contrairement à ce qu’on peut trouver ailleurs, aucun endroit à proximité où se restaurer et patienter confortablement.
J’attendais donc sur un simple banc, l’esprit vagabondant dans mes lectures. Mais la fatigue fit que l’attente devint insupportable, surtout que minuit approchait. Et toujours aucun bus à l’horizon.
Un agent de Megabus eût toutefois le professionnalisme de nous informer régulièrement que le bus avait plus de retard que prévu. Sauf que la répétition de ce message avait quelque chose de désespérant. J’appréciais malgré tout que, bien qu’ayant fini son service, il préféra s’assurer de l’arrivée du car.
C’est avec un sentiment de délivrance qu’il arriva enfin.
Je pris ma place lorsque je remarquai que quelqu’un avait oublié un sachet plastique sous un des sièges. Ce n’était rien d’autre qu’un sinistre personnage – ou un esprit taquin – qui avait préféré laisser une trace gastrique de son mal des transports. J’imagine que ça arrive plus souvent qu’on ne le pense, sauf que forcément, le véhicule n’avait pas eu le temps d’être nettoyé. Honnêtement, je n’ai pas non plus cherché à m’assurer que c’était bien ce que j’imaginais 😀
Je n’étais pas au bout de mes surprises, puisqu’à la grande stupéfaction du chauffeur, les portes de Paris étaient fermées. Ce dernier était si exaspéré, qu’il se tourna vers les passagers et demanda si quelqu’un savait comment sortir de Paris. Une mélange d’amusement et d’inquiétude s’installa. J’aurais bien voulu pouvoir aider ce malheureux, mais je n’avais pas de réponse à lui fournir.
Finalement, comme on pouvait s’y attendre, cette mésaventure prit fin, avec une arrivée à 1h30 au lieu de 23h15.
N’allez pas imaginer une volonté de ma part de dénigrer cette compagnie. Au contraire, je pense qu’il faut mettre ça sur le compte de chauffeurs qui manquent d’expérience et d’une organisation qui doit se rôder.
Très franchement, j’ai connu d’autres mésaventures du genre à un tarif bien plus élevé. Je retranscris simplement et objectivement cette expérience 😉
Bilan
Comme il a été dit précédemment, il faut prendre en compte la jeunesse de ce type de services. Simplement, pour le moment, on peut dresser la liste des avantages et des inconvénients. Je passe sur l’aspect écologique, car c’est un sujet complexe qui ferait l’objet d’un autre article.
Avantages
- Vraiment pas cher, selon les offres et les promotions
- Aspect plus humain qu’on retrouve difficilement en train (professionnels accessibles, temps de voyage plus long qui permet de sympathiser, etc.)
Inconvénients
- Trajet plus long qu’en train
- Retard à prendre en compte (mais c’est aussi vrai en train et en avion). La route a un timing plus aléatoire…
- Wifi pour ainsi dire inexistant (mais je pense que ça devrait s’améliorer… j’espère rapidement)
- Gares routières rudimentaires, plutôt glauques et pas (ou peu) isolées de la météo.
Conclusion
Deux points vont sans doute évoluer dans les années à venir quant à l’utilisation de ces cars de tourisme lowcost.
1) Les prix. Il y a des chances que cela augmente. Mais la concurrence qui sera probablement très rude pourra jouer à la faveur du voyageur en quête d’économie. Cela pourrait en revanche causer des désagréments, et surtout un risque de disparition de certaines entreprises (du moins dans l’hexagone).
2) Le service. Il sera intéressant d’observer l’évolution de ces bus pas chers en terme de confort. Les retards dont je parlais ne sont pas à prendre vraiment en compte, car les temps de trajets vont s’ajuster, en fonction des saisons, des problèmes déjà résolus, etc.
Donc, oui c’est très intéressant, si vous êtes en quête de grosses économies et que les mésaventures éventuelles ne vous dérangent pas, en grands aventuriers que vous êtes toujours en quête de souvenirs à raconter 😉