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En voilà un endroit peu commun que cette « Vallée de la mort » ! Nom un peu effrayant et terriblement attirant aussi. On la connaît depuis l’enfance à travers les classiques du Western Américain, de romans d’aventures ; on la fantasme aussi ; on l’imagine coupée de tout, dangereuse, ou les seuls résidants sont les serpents à sonnette et les crânes de bétail blanchis sous un soleil de plomb.
Bref, comment imaginer passer à côté de ce lieu aussi mythique que la route 66 ou le Golden Gate lors de mon voyage sur la côte Ouest des États-Unis.
Premières impressions
Tout commence avec David, l’un de mes plus fidèles compagnons voyageurs qui était de la partie pour un séjour de 2 semaines en Californie ; avec, comme toujours, notre manie de ne pas préparer d’itinéraire, volontairement, en se disant « on verra sur place ce que vont nous conseiller les gens qu’on croisera sur la route ».
Ha oui, je tiens à préciser que c’est ma façon de voyager. J’adore me perdre, ne rien planifier, ou alors quelques points de chute sans trop m’y tenir si le vent me pousse de l’autre côté.
A l’arrivée sur le tarmac de Los Angeles , nous n’avions qu’une seule réservation effectuée depuis la France ; à savoir qu’une superbe Mustang décapotable de 200 Chevaux nous attendait dans la pénombre d’un garage attelant l’aéroport.
Bon, ça allait un peu à l’encontre de mes convictions écologistes mais j’avoue qu’il m’arrive de céder parfois à certains plaisirs mécaniques (coupables) de la sorte, et puis, franchement, l’Ouest sauvage se chevauche en belle américaine non ?
Passé quelques heures sur cette route désertique mais terriblement belle (mais si ,vous savez, ces longues lignes droites qui lacèrent le sable et ces traits jaunes caractéristiques au beau milieu) nous arrivions enfin aux abords de la vallée de la mort, adossée à Yosemite Park et ses Séquoias géants d’un côté et, de l’autre, les plaines désertiques où s’est érigée Las Vegas, à peine à 100 miles de là.
Bien qu’attendu, l’élément le plus notable lors du premier arrêt au célèbre « Zabriskie Point » est cette température, incroyablement élevée, inimaginable même pour moi qui suis plutôt habitué aux chaleurs tropicales. Ici point d’humidité, le soleil semble plus près que jamais et ne permet pas d’arrêts de plus de 15 minutes hors de l’habitacle climatisé de la voiture (dont la capote ne peut être abaissée, croyez moi !).
Sachez tout de même qu’en mettant les pieds à cet endroit, vous connaîtriez les températures les plus chaudes de la planète, à savoir que le record historique fût enregistré en 1913 dans la Vallée avec 56,7 °C !
D’ailleurs, un peu plus tard, un ranger nous informera que des réservoirs d’eau sont placés régulièrement sur les routes de la Vallée de la Mort en cas de panne, et, a-t-il ajouté, « mieux vaut que vous ça ne vous arrive pas ». Rassurant…
Que visiter ?
Le Parc National de « Death Valley » s’étend sur quasiment 300 Km de long et 32 Km de large, un peu comme une coque de bateau si on schématise sa forme, et se traverse de part en part en passant par un col montagneux, pour y entrer comme pour en sortir.
C’est au centre, où les montagnes s’écartent et laissent la place à la « Vallée » à proprement parler, entourée par les chaînes de l’Amargosa et des Panamint.
Deux moyens pour s’y rendre : soit vous venez de Los Angeles, soit de Las Vegas, mais dans les deux cas, vous emprunterez la superbe route 190 qu’on ne se lasse pas d’arpenter en tentant d’imaginer à quel point le trajet devait être difficile pour les pionniers qui s’aventuraient dans ces contrées désertiques.
Le parc national est considéré comme un musée naturel à ciel ouvert et nombreux sont les endroits qu’on peut visiter, à tel point que dans notre cas nous avons dû aller à l’essentiel, ne disposant que d’une pleine journée sur place.
Nous avons donc laissé de côté la partie Nord de la Vallée pour nous concentrer sur le Sud et ses spots les plus courus.
En écrivant ces lignes , je reste toutefois sur un sentiment de frustration tant je reste persuadé que 3 jours ne sont pas de trop pour compléter la visite sans passer à coté des trésors cachés de Death Valley.
Malheureusement, un ami nous attendait sur les hauteurs de Yosemite le lendemain et nous n’avons pas eu d’autres choix que de nous fixer un itinéraire précis aux arrêts limités.
J’ai donc une bonne excuse pour reprogrammer un voyage prochain dans l’Ouest américain !
Voici donc les 4 centres d’intérêts incontournables, validés par nous-mêmes mais aussi par d’autres voyageurs et locaux rencontrés lors de notre voyage :
Zabriskie Point
C’est l’un des lieux les plus visités et photographiés de la « Death Valley », et pour cause, ces immenses dunes fossilisées sont teintées d’une palette de couleurs chaudes dont le rendu, superbe, interpelle l’œil. Comme nous, et si vous le pouvez, pensez à vous y rendre au petit matin pour bénéficier d’une lumière qui mettra encore plus en valeur les subtiles nuances de couleurs fauves de ces sédiments figés à jamais depuis 5 millions d’années.
Je vous conseille d’ailleurs de regarder, si vous le trouvez, le superbe film d’Antonioni réalisé en 1970 qui porte tout simplement comme nom « Zabriskie Point » et qui est un des plus beaux hommages que peut recevoir cet endroit si unique.
Accessible depuis la route 190 (Death Valley Junction), le point de vue est assez haut et permet d’admirer le bas de la vallée sur lequel vous descendrez par la suite.
Dante’s view
Un peu plus loin sur la chaîne des « Montagnes Noires », vous ne pouvez vous passer d’un détour sur Dante’s View, emplacement à partir duquel la vue sur le bas de la vallée est réellement impressionnante. A plus de 1600 mètres au dessus du niveau de la mer, Dante’s View domine la vallée et la vue plonge à l’Ouest sur « Badwaters », l’endroit le plus bas du continent Américain. Juste en face vous admirerez « Telescope Peak », la ligne montagneuse la plus haute du parc de la Vallée de la Mort.
Comme pour Zabriskie Point, je vous conseille d’arriver à l’aube avant que les touristes ne se pointent sur le site, et vous serez surpris par un silence absolument envoûtant.
Badwaters
En descendant au plus bas de la vallée, une seule route vous permet de rejoindre le point le plus bas de tout le continent Américain, à savoir le célèbre « Badwaters », 86 mètres sous le niveau de la mer. A l’origine se tenait ici le lac Manly (du nom d’un pionnier qui a traversé la Vallée) , lac immense de plus de 70 KM de long sur 7KM de large, complètement asséché depuis et laissant la place à une épaisse croûte de sel qui aveugle littéralement si l’on s’aventure à pieds sans lunettes de soleil efficaces.
Seul un petit étang subsiste, alimenté par l’une des nombreuses sources du site, et s’écoule dans le « Badwaters Bassin ».
C’est l’un des endroits les plus chauds du Parc National, donc pensez à vous appliquer une crème solaire avec un indice élevé car la réflexion d’un soleil vous transforme en merguez sous la flamme du barbecue en moins de 10 minutes et surtout ne tentez pas la sortie sans chapeau ou casquette !
Bien qu’impressionnant et incontournable, c’est un endroit où il est véritablement difficile de rester bien longtemps car la chaleur est intense et pas un souffle de vent ne vient rafraîchir la fournaise.
D’ailleurs c’est assez drôle de voir le turnover sur le petit parking aux abords du panneau qui indique le fameux « point le plus bas d’Amérique », les gens viennent et repartent aussitôt la photo dans la boîte. C’est dommage car c’est un endroit vraiment spécial qui appellerait presque à la méditation tant le ressenti est particulier quand on erre sur cette étendue de sel à perte de vue.
Mesquite Dunes
En sortant de la Vallée (ou en entrant c’est selon) vous serez étonné de tomber nez à nez avec un mini Sahara, une étendue de dunes à perte de vue au sable étonnement fin.
Vous êtes à Mesquite flat sand Dunes.
Attention aux brûlures sur les pieds si vous portez des sandales tant la température du sable atteint des records.
Nous sommes arrivés à l’heure idéale selon moi, juste avant le coucher du soleil, à l’heure « des loups » , entre le jour et la nuit, et la lumière qui tombait derrière les crêtes des plus hautes dunes magnifiait les lieux qu’un silence imposant, presque lourd, venait habiller.
Nous y sommes restés jusqu’à ce que l’épaisse obscurité finisse de tomber complètement, emportant avec elle les derniers touristes qui piaillaient encore sur le parking non loin de là.
Conseil pour les photographes, équipez-vous d’un pied pour pouvoir assurer de belles images à cette heure du jour (ou presque de la nuit), il serait vraiment dommage d’avoir des photos ratées, floues ou bruitées alors que d’incroyables vues s’offrent à votre objectif !
Quelques kilomètres plus loin vous trouverez un petit hôtel sympathique avec une ambiance « western » qui colle bien à la région. Il s’agit du « Stovepipe Wells Village Hotel ».
Nous l’avons visité sans toutefois y dormir car on avait peur d’être un peu juste en terme de timing le lendemain. Donc après s’être restaurés, nous avons finalement préféré continuer sur la route pour nous rapprocher de Yosemite.
Cependant, pour passer la nuit, vous n’avez guère d’autres choix au niveau de cet accès vers la Vallée de la Mort, et cet hôtel est tout à fait correct, les chambres ne sont pas luxueuses mais propres et le personnel souriant et aimable (comme souvent aux USA).
Reste que le prix n’est pas donné, on paye le luxe de dormir au bord de la Death Valley évidemment.
À noter une station service aux prix exorbitants (on s’en doutait à cet endroit) et une épicerie de l’autre côté de la route relativement bien achalandée.
Le mystère des pierres qui bougent toutes seules
Moi qui suis féru d’anecdotes bizarres et de mythes dont j’aime comprendre le sens et les origines, une histoire m’a particulièrement frappé à propos de la Vallée de la mort.
Voilà donc près de 70 ans qu’un mystère planait sur les étendues désertiques du fond de la vallée et agitait le monde scientifique jusqu’il y a peu de temps, où des chercheurs ont employé les grands moyens pour tenter de percer l’étrange phénomène des « pierres qui bougent toutes seules ».
Attention, nous ne parlons pas de vulgaires cailloux, mais bien de pierres, massives, dont les plus grosses atteignent 300kg. De beaux bébés qui creusent des sillons longs de plusieurs centaines de mètres derrières eux, parfois dans un sens, parfois dans l’autre, et personne, campeur ou chercheur n’en avait pu filmer le mouvement.
Bien sûr, je vous laisse imaginer que diverses théories furent avancées, des plus rationnelles jusqu’à l’origine extraterrestre du phénomène (pour rappel nous empiétons sur le Nevada où se situe la célèbre « Zone 51 »).
N’allez pas plus loin dans votre lecture si vous ne voulez pas briser la magie, car récemment donc, lassés par de vaines tentatives d’explications infructueuses, des géologues ont placé des balises GPS sur plusieurs de ces pierres et ont fini par enregistrer leurs déplacements étranges sur une période de 2 mois. Il semblerait donc que ce mystère s’expliquerait par la combinaison de l’action du vent qui , bien que léger, souffle généralement en fin de matinée par saccades, et du gel qui se forme la nuit au niveau du sol (la nuit les températures peuvent chuter en dessous de zéro). Une mince couche de glace de 3 à 6 mm suffit à faire glisser énormes pierres, même sous la force toute mesurée d’une légère brise.
Mystère résolu, et dommage pour les mythes et légendes ; parfois la science joue les briseuses de rêves.
Pour en savoir plus
Si vous préparez un voyage aux USA et si vous avez en tête de passer par la Vallée de la mort, voici quelques liens qui vous seront utiles ou qui vous feront saliver d’impatience :
– Le site des parcs nationaux Américains où vous trouverez toutes les infos pratiques (attention site en anglais)
– Voici une carte (issue du même site) qui est la plus détaillée et la plus lisible que j’ai trouvé à l’époque
– Le site de l’hôtel à proximité de Mesquite Dunes