Voilà quelques temps que je connais Geoffrey, le croisant régulièrement autour d’un verre chez des amis communs ou lors de sorties dans les rues du Vieux-Lille.
Puis Geoffrey rencontra Marion, le début d’une belle histoire et l’aube d’un grand départ. Tous deux décidèrent rapidement de plaquer boulot, appart et tout ce qui pouvait les rattacher au confort d’une vie « normale » dont ils ne voulaient plus.
Et les voilà partis pour 6 mois de road trip en Amérique du Sud, avec seulement le billet d’avion en poche et quelques économies, sans savoir véritablement de quoi l’avenir serait fait ensuite. L’aventure en somme.
Changés par cette expérience, le métro boulot dodo dans la grisaille du nord de la France était devenue insupportable et s’établir sous le soleil de la Martinique s’est imposé à eux.
Voilà près d’un an et demi que les valises sont posées dans cette perle des Antilles, suffisant pour faire le point sur leur vie insulaire et sur les bons plans à partager avec les voyageurs qui seraient tentés par la Martinique.
1/ Bonjour Marion et Geoffrey, pouvez-vous vous présenter ?
Et bien nous sommes en couple depuis plus de 3 ans, Lui c’est Geoffrey, 34 ans, en passe de créer sa boîte, et moi c’est Marion, 28 ans, chef de projet en agence de publicité.
C’est un peu réducteur de s’arrêter à nos boulots, on est avant tout des personnes qui aiment bouger, découvrir et rencontrer !
2/ Depuis combien de temps vivez vous en Martinique et qu’est ce qui vous a décidé à vous y installer ?
Commençons par le commencement. Ça risque d’être un peu long mais c’est essentiel pour bien comprendre le pourquoi du comment.
On vivait dans le nord de la France, nous avions tous les deux des métiers très prenants et le peu de temps libre – OK ça fait un peu cliché – nous avions le célèbre temps du nooord qui nous enfermait entre quatre murs. Quitte à vivre en intérieur, nous voulions investir dans des chouettes murs bien à nous.
Et puis finalement, à la question fatidique de « on fait une proposition ? », je n’ai pas pu franchir le cap.
Geoffrey s’est rappelé de mon rêve d’enfant et m’a proposé de voyager quelques mois, de s’évader et passer du bon temps, à la découverte du monde, de ses habitants, de notre couple et de notre moi intérieur.
Ce que nous avons fait pendant 6 beaux mois en Amérique du Sud, on aura sûrement l’occasion d’en reparler !
Partir voyager, ça inclut de se séparer de tout (du matériel, qu’on se comprenne bien). On partait en toute conscience que nous ne retrouverions jamais notre vie d’avant, avec la ferme intention de changer plus que de cadre de vie à notre retour : de mode de vie.
Geoffrey connaissait la Martinique, moi pas du tout. Il avait eu un coup de cœur pour cette île quelques années auparavant et souhaitait me la faire découvrir en tout début de voyage. Coup de cœur partagé.
La vie entre terre et mer, sous le soleil, avec une ambiance propre à elle : cette île nous a plu. On s’y est senti chez nous. Le retour de voyage n’a fait que confirmer cette attirance.
Ça fait donc plus d’un an maintenant que nous sommes installés à la Martinique.
Et à la question posée par tout métro (métropolitain), « pour combien de temps êtes-vous ici », on n’a de cesse de répondre : « on ne sait pas de quoi sera fait demain mais ici c’est chez nous ».
3/ Même si la Martinique est un département Français, la métropole est très éloignée. Quelles sont les différences les plus marquantes avec l’hexagone et qu’est ce qui vous a le plus plu ?
Les différences sont relatives, ça dépend du mode de consommation et de vie de chacun avant de venir ici. C’est sûr que pour des personnes citadines, le choc culturel est très fort !
Nous ne retrouvons pas toutes les marques et boutiques de prêt-à-porter que nous connaissons, il n’y a pas de bars et de restaurants à foison, les feux rouges quasi inexistants sont remplacés par des ronds-points à tout va, etc.
Ce qui nous a tout de suite plu c’est qu’ici, c’est la France sans être la France. On se sent loin de toutes les problématiques de la métropole. Quand j’entends les informations métropolitaines, je m’en sens tellement loin et étrangère. On se sent dans une bulle à part.
Mais finalement, ça reste la France sans la barrière de la langue ni les contraintes administratives. C’est comme si on changeait de département, c’est quand même plus simple que de partir vivre à l’étranger. Nous avions peur de la vie insulaire, d’en faire vite le tour et de se sentir étriqués. Alors que nous avons encore tant à découvrir !
Les semaines de travail sont toujours aussi chargées qu’à Lille, mais le weekend prend des airs de vacances. Entre bivouacs sauvages sur des plages quasi désertes, farniente au bord de l’eau, plongées bouteille, randonnées découvertes, excursions en voilier…
Nous en profitons pleinement.Et si nous avons quelques jours de libres ? Nous partons à la découverte des nombreuses îles de la Caraïbe.
Nous sommes partis récemment cinq jours sur l’île de la Dominique après une belle traversée en voilier. Ce n’est pas le sujet du jour, mais cette île est aussi un gros coup de cœur !
Et si nous rêvons de contrées différentes, Miami est à 2h30 d’avion, New York à 4h30. La liste est encore longue de ce qui nous plaît ici en fait : la vie en extérieur en permanence, les belles amitiés qui se sont créées, etc.
4/ À contrario, qu’est ce que vous n’avez pas aimé au fil du temps depuis votre arrivée ?
Les grèves ! (ah, ah, ah) Ici ça ne rigole pas. C’est surtout si simple de tout bloquer. L’île n’a qu’un seul gros axe routier, dès qu’un blocage est en cours, l’immobilisation est totale.
Je peux vous dire qu’une grève d’essence c’est aussi très contraignant.
Nous avons aussi régulièrement des pannes d’électricité. Disons que ça fait partie du folklore de la vie insulaire ! On en rit mais on a prévu le coup pour tout : réserves d’eau, de nourriture et d’essence. On a même un générateur en cas de panne d’électricité qui perdure.
Mais tout ça, ce n’est pas toutes les semaines, fort heureusement !
La seule contrainte à laquelle on a fini par s’habituer, même si quelques fois ce point nous agace encore fortement, c’est la conduite routière ici. Entre bouchons, ralentissements et état très négligé de la voirie, ce n’est pas de tout repos. On s’occupe en prenant des nouvelles de nos proches en métropole et en profitant malgré tout des paysages.
C’est exotique pour des métros un embouteillage au milieu des bananiers !
5/ Est-il facile de trouver un logement, à quel prix, et comment est le marché du travail sur place ?
Disons qu’ici il y a logement, et logement. De manière générale, c’est très rare de trouver des logements modernes. Lambris au plafond et cuisine de mamie sont nos nouveaux amis ! Le principal c’est d’avoir un extérieur… On en oublie vite l’intérieur, on y est si peu finalement. Tout ça pour dire qu’il ne faut pas être trop exigeant si on a un petit budget.
Question prix, ça ne nous a pas choqué en venant de Lille et ses environs, c’est sensiblement pareil. J’imagine que pour quelqu’un qui vient de plus petites villes ou de villages, ça peut être effrayant par contre !
Le prix, c’est vraiment une question relative. Mais pour se meubler, il y a tellement de départs de métro qu’on a fait de très bonnes affaires via LeBonCoin, c’est un vrai magasin ici.
Pour trouver du travail, c’est beaucoup de bouche à oreille. J’ai vraiment trouvé facilement, avant même d’arriver ici, alors que pourtant je ne m’imaginais pas trouver un poste en agence de publicité. Je vous invite à faire un tour sur Linkedin et Domemploi !
Et pour les logements : Domimmo, LeBonCoin, Cyphoma.
Geoffrey lui s’est tissé un réseau qui grandit de jour en jour, ça en est limite affolant. S’il prend du temps pour créer son entreprise, c’est parce qu’il ne sait plus où donner de la tête et commencer.
6/ Avez vous rencontré des problèmes avec les martiniquais ? Est-ce facile de s’intégrer et quels sont les problèmes d’adaptation qu’on peut rencontrer ?
Tout est question de mentalité. Il ne faut pas oublier qu’ici le métro est considéré comme l’étranger qui vient piquer le travail des locaux. Si tu es sociable, honnêtement la question ne se pose même pas. On a des amis de tous horizons, on se taquine sur nos différences culturelles.
Il faut être ouvert d’esprit et tout se passe bien, comme partout finalement. En un an, on a eu deux anecdotes de « racisme envers les blancs » où chacun notre tour on a refusé de nous servir de l’essence pour ensuite servir une antillaise.
C’est surtout de l’incompréhension et de la bêtise, nous sommes passés outre.
C’est de bonne guerre, la métropole est une terre d’accueil pire à bien des égards…
7/ Y a-t-il des pièges à éviter lorsqu’on décide de s’y établir ?
Il ne faut pas comparer avec sa vie d’avant. Si tu fais le choix de venir ici, c’est pour de bonnes raisons. Et pour notre part, on se refuse à une vie en ghetto de blancs.
L’intégration est essentielle pour construire un avenir, le piège ici c’est de ne rester qu’entre métro « parce qu’on se comprend et qu’on a la même culture ».
8/ Le coût de la vie est-il aussi cher qu’on le dit ?
On ne va pas vous mentir, ça fait un an que nous cherchons en vain le foie gras et le caviar caché dans notre caddie au passage à la caisse !
Mais on fait moins de restaurants, moins de soirées dans les bars, on achète moins de vêtements et surtout il y a un abattement sur les impôts par rapport à la métropole.
Tout est question de rythme de vie encore une fois, notre mode de vie a beaucoup changé.
9/ Quels sont les avantages, selon vous, à vivre aux Antilles par rapport à la métropole selon votre propre expérience ?
La vie en extérieur c’est pour nous l’avantage essentiel, parce qu’on déteste être enfermés à regarder tomber la pluie. Et le soleil, c’est un booster naturel. Vous a t’on parlé du rhum aussi ?! Blague à part, tout ce que nous avons cité précédemment répond amplement à la question. Bien que nous soyons intarissables sur le sujet, on vous invite donc à venir découvrir par vous-mêmes !
10/ Question inverse, quels sont les inconvénients objectifs à vivre en Martinique par rapport à la métropole ?
Pour quelqu’un qui ne sait pas vivre loin de sa famille et de ses amis, il faut oublier la Martinique.
Il y a les heures de vol et le prix des billets, mais aussi le décalage horaire entre 5 et 6 heures selon les périodes. Ce n’est pas facile au quotidien !
Certains ne s’accommodent pas non plus au fait qu’il n’y ait pas de vraie saison.
C’est vraiment une question subjective, et nous on ne trouve pas d’inconvénient.
11/ Quelle est la meilleure période pour visiter la Martinique ?
Il n’y a pas de bonne ou de mauvaise période pour visiter la Martinique.
Nous adorons les mois d’août et de septembre parce que l’eau de la mer est vraiment bonne et qu’il y a peu de touristes.
Nous n’avons pas vraiment senti de saison sèche ni de saison humide, le temps se dérègle partout dans le monde à en écouter les anciens ici aussi ! Il a vraiment fait très lourd en octobre et en novembre, c’était des fois même insoutenable.
Maintenant nous sommes « tropicalisés », les soirées semblent trop fraîches pour nous en décembre et janvier… Avec 22 degrés (no comment, on sait que certains vont nous détester pour cette remarque).
Pour les passionnés de carnaval, optez pour le début du mois de février. Pour ceux qui fuient le froid hivernal, c’est une bonne destination.
Il y a aussi le Tour des Yoles fin juillet, et beaucoup de trails sont organisés tout au long de l’année pour ceux qui optent pour des vacances sportives. Il y a aussi des périodes pour les baleines ! Bref, vous l’aurez compris : tout dépend de ce que vous recherchez.
12/ Quels sont les immanquables à voir absolument en Martinique lors d’un séjour touristique ?
Mais quelle question difficile ! Tout dépend des préférences et de la conception des vacances de tout un chacun. Pour nous, ça serait :
- Anses d’Arlet avec au choix 4 plages très différentes : Anse Dufour sable doré / pêcheurs, Anse Noire sable noir / une vue imprenable depuis son ponton, Grande Anse sable blanc / bars et restaurants, Petite Anse plage de pêcheurs plus intimiste. Avec au programme : détente à la plage, baignade en PMT pour apercevoir les tortues et autres espèces sous marine. Finir par une soirée avec les pieds dans le sable au restaurant Ti Sable (si c’est le dimanche c’est encore mieux, c’est soir de concert !)
- Randonnée sur la Presqu’Île de la Caravelle sur la côte Atlantique. Au programme, succession de paysages plus beaux les uns que les autres : falaises, mangrove, phare, baie du trésor. Compter 4h pour la grande boucle.
- Randonnée du Prêcheur entre Le Prêcheur et Grand Rivière dans le nord de l’île. On surplombe la mer dans une végétation luxuriante, à la recherche des « matoutous falaise » (mygales). Se garer à l’anse couleuvre, prendre un bateau de pêcheur qui vous mènera à Grand Rivière pour ensuite faire cette magnifique randonnée de 5-6h… Pour profiter d’une fin de journée sur la plage de sable noir de l’anse couleuvre.
- Le Diamant ses panoramas, son marché couvert, le Cap 110 avec un arrêt restaurant sur la plage de l’Anse Caffard : Chez Ernest pour le côté authentique local ou le New Cap pour le mélange créole – sud ouest.
- Une journée en catamaran à la recherche des dauphins et autres mammifères marins (baleines, cachalots…) suivie d’une apéro et repas à bord, puis d’une exploration des fonds marins en plongée bouteille ou PMT. Une adresse à ne pas rater : Aliotis au départ des Trois-Îlets pour une excursion sur la côte Caraïbe, souvent jusqu’au Carbet. C’est un super couple qui a élu domicile avec ses deux enfants sur un catamaran, une excellente journée en perspective, idéal pour admirer les côtes et profiter des joies de la mer de la Caraïbe.
- Excursion sur la route de la Trace pour des paysages à couper le souffle autour des Pitons du Carbet, avec un stop au Jardin de Balata.
- Excursion sur les fonds blancs en kayak pour les plus sportifs (idéal pour profiter de la nature et admirer les nombreuses étoiles de mer) sinon en bateau moteur avec un pêcheur (éviter les bateaux « musique boum boum ». Plein d’îlets s’offrent à vous selon vos préférences : îlet Chancel pour observer les iguanes des petites Antilles, îlet Madame pour baignade et pique-nique, etc.
- La route du Rhum En une journée, il est possible de faire : la rhumerie Clément au François pour son énorme parc, la rhumerie St James pour son train et son musée et la rhumerie JM pour son écrin de verdure et la qualité de son rhum. Mais si vous voulez en faire plus, vous avez l’embarras du choix (Trois Rivières pour le Moulin, Neisson, La Favorite, La Mauny, Bailly, Dillon…)
- Une journée entière sur les Trois-Îlets permettra diverses activités : la Savane des Esclaves pour son éclairage historique et culturel ainsi que sur les vertus médicinales des plantes, le Village de la Poterie pour ses souvenirs, produits locaux et petits restaurants, la Miellerie Saint Ange pour ses miels primés dans des concours internationaux. Promenez vous au village créole pour les amoureux de shopping et de terrasses, jusqu’à la Pointe du Bout pour la Marina. Finir la journée dans un des nombreux restaurants : le Kano les pieds dans l’eau par exemple.
- L’ascension de la Montagne Pelée, incontournable pour les sportifs et amoureux de la nature. Avec un stop sur la route à Saint Pierre pour les vestiges de l’irruption volcanique mais aussi ses petits restaurants à l’étage des halles en front de mer pour déguster du poisson frais.
Il en manque sûrement… d’autant plus qu’on ne connaît pas tout (et heureusement). N’hésitez pas aussi à pratiquer le loisir national : un bivouac entre amis sur une des magnifiques plages qu’offre cette île.
Kontan we zot’ (bienvenue en créole) d’avance à ceux qui viendront !
Merci à vous Geoffrey et Marion !