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Voyager, c’est d’abord rêver. On pourrait ainsi se laisser dériver dans l’imaginaire jusqu’à devenir passagers de voyages extraordinaires, qui relèvent aujourd’hui de la science-fiction. N’est-il pas permis de se voir parcourir les couloirs du temps ou d’être «télétransporté», en une fraction de seconde, à des milliers de kilomètres de son point de départ.
Est-ce pour autant de la pure fantasmagorie ?
Les Hommes du Moyen-Âge auraient sans doute été pris pour des fous par leurs contemporains en affirmant qu’un jour il serait possible de naviguer sous les mers, de voyager tranquillement dans le ciel, de rejoindre l’autre bout du monde en quelques heures, et même de marcher sur la Lune. On imagine qu’ils auraient pu périr sur un bûcher pour de tels propos.
Cette époque obscurantiste est d’autant plus condamnable que le cerveau humain avait déjà imaginé une bonne partie de ces inventions sous l’antiquité. Ainsi, il existe des documents très anciens où l’on peut trouver les prémices du train, du sous-marin et des premiers engins volants (notamment en Chine, bien avant Léonard de Vinci, avec la création du cerf-volant, dont certains, à caractère militaire, auraient transporté des hommes ou des objets).
Seulement voilà, en enquêtant sur le sujet, les seules pistes véritablement exploitables sont d’une grande complexité. En occultant l’aspect philosophique, il est question en effet de domaines scientifiques très pointus, dont l’astrophysique et la physique quantique. Des notions qui n’ont théoriquement pas leurs places dans un blog voyage.
Au risque de finir sur un bûcher, je vais tout de même tenter de voir ce qu’il est possible de dire en la matière, sachant que je ne suis en rien un expert, par la synthèse de mon investigation, qui comprend un entretien haletant avec un Boson de Higgs.
Voyager dans le temps
Aller dans le futur
N’est-ce pas que nous faisons tous en ce moment même ^^’ ?!
L’hibernation
Pour faire simple, et pour rester dans le champs des possibles, le sommeil est ce qui se rapproche le plus d’un voyage dans le temps (et dans le rêve, justement).
Dans l’imaginaire collectif, on connaît les exemples du personnage d’Hibernatus, issu d’une pièce de théâtre de 1957 adaptée au cinéma en 1969, ainsi que du héros patriotique et musculeux nommé Captain America, qui furent pris accidentellement dans la glace et se réveillèrent dans une autre époque.
Plus scientifique, le film «Alien, le huitième passager» de Ridley Scott montrait en 1979 un équipage plongé dans un sommeil artificiel, afin de supporter la durée interminable des trajets. Des capsules réfrigérées en guise de cocons glacés permettaient au corps humain de suspendre le vieillissement et de ramener le sujet à la conscience.
Serait-il possible, dans la réalité, de dormir pour une très longue durée, et de se réveiller, certes un peu comateux, sans avoir vieilli ?
À l’heure qu’il est, je n’ai trouvé aucune donnée qui confirmerait l’existence d’une telle technologie.
La difficulté du procédé repose sur l’invention d’un système qui empêcherait une détérioration trop importante des tissus humains par l’eau contenue dans le corps, une fois congelée.
Impossible, donc ?
Il existe au moins un cas dans la Nature qui s’en approche, une bizarrerie qui pourrait inspirer les artistes dans la représentation d’une créature fantastique : le Tardigrade.
Champion de la survie, bien que je connaisse d’autres organismes tout aussi surprenants, l’animal se met dans un état « suspendu » et peut ainsi « vivre » au moins un millier d’années ! Il se viderait de presque toute sa matière aqueuse et reprendrait vie par l’absorption, à nouveau, d’eau.
Ne pourrait-il pas inspirer les scientifiques ?
Le bond quantique
L’hibernation n’est pas à proprement parlé ce à quoi on pense à l’évocation du voyage temporel. Là encore, la littérature et le cinéma alimentent depuis longtemps notre vision d’une telle expédition : une machine bâtie sur une technologie d’une complexité indicible, dans laquelle, une fois le passager confortablement installé, il suffirait d’appuyer sur un bouton pour être projeté instantanément dans le futur (pratique pour éviter de faire la queue).
Mais concrètement, est-ce vraiment réalisable ?
Mac Gyver pourrait vous affirmer qu’avec une cordelette, un trombone et une machine à café, c’est l’affaire d’une heure.
Ce qui apparaît plus vraisemblable est de considérer le temps comme n’étant pas uniforme. Ce phénomène est appelé dilatation du temps.
Il ne s’agirait pas de la simple perception du temps : un insecte, un Homme et une galaxie – à supposer qu’elle soit vivante pour l’exemple – n’ont, respectivement, sans doute pas la même conscience du déroulement du temps.
Il est admis que le temps, sous l’effet de la gravité ou de la vitesse, pourrait différer.
Considérant alors qu’il y aurait plus d’une « temporalité », une personne dans un temps ralenti basculerait dans le futur en retournant dans le temps normal. Bon, c’est un peu tiré par les cheveux, je vous l’accorde. Mais, ça reste envisageable, pour autant qu’on maîtrise le procédé.
Grotesque fumisterie ? Il y a pourtant des exemples concrets.
Concernant la gravité, des mesures ont été effectuées dans des immeubles pour prendre en compte le temps écoulé aux rez-de-chaussée et à leurs derniers étages. Étonnamment, les résultats ne seraient pas strictement identiques.
La gravité ralentirait le temps. Plus vous êtes en hauteur, c’est-à-dire loin de l’attraction terrestre, plus le temps est susceptible de s’écouler plus rapidement.
Rassurez-vous, vous n’allez pas gagner dix ans d’espérance de vie en déménageant, car la différence est négligeable.
De même, les calculs de temps pour une distance parcourue par la lumière ne seraient pas les mêmes en fonction de la présence d’un trou noir. Ce dernier, doté d’une puissance gravitationnelle considérable, aurait un pouvoir de distorsion sur le temps.
D’autres expériences intéressantes ont été réalisées, comme mesurer le temps au sol, depuis un point fixe, et le comparer à une horloge placée dans un avion faisant le tour du monde.
Là encore, le résultat peut surprendre : les relevés diffèrent légèrement.
Pour terminer, il existe une théorie dite « paradoxe des horloges » (ou « paradoxe des jumeaux ») émise par Paul Langevin en 1911 et étudiée par Einstein dans le cadre de la relativité restreinte. Celle-ci suppose que deux individus identiques ne vieilliraient pas au même rythme, si l’un des deux était envoyé dans l’espace à bord d’une navette capable de se déplacer à la vitesse de la lumière et revenait sur Terre très longtemps après son départ.
Retourner dans le passé
Deux possibilités également, l’une à peu près réalisable et l’autre tarabiscotée, sont à envisager.
Premièrement, la reconstitution du passé, comme s’évertuent à le faire la plupart des musées, qui ne proposent pas moins qu’un voyage dans le passé, d’une certaine façon.
Redonner littéralement vie à une espèce disparue, par exemple, façon « Jurassic Park », serait aller encore plus loin, non sans poser des questions éthiques. Le potentiel des sciences de la génétique paraît sans limite, alors qui sait…
C’est un peu de la triche, car ce n’est pas véritablement le passé.
Même en imaginant un temps non unique, avec des temps ralentis, je vois mal comment trouver une brèche temporelle où il serait possible de retrouver Jules César, gambadant joyeusement dans un champs de fleurs.
Par contre, et c’est donc le second point, j’ai entendu parler, dans un documentaire télévisé, d’une hypothèse des plus folles émise par des astrophysiciens.
Elle a été nommée « univers hologramme », mais je ne vais rentrer dans le détail (qui me dépasse, je dois bien l’avouer). Si le cœur vous en dit, je vous invite à lire cet article (je n’ai pas retrouvé le documentaire, et c’est ce qui se rapproche le plus des explications).
Aussi saugrenue que cela puisse paraître, ce n’est pas une théorie à l’emporte-pièce, énoncée après absorption de substances psychotropes 🙂
Grosso modo, si j’ai bien compris, par déduction liée à l’observation des trous noirs, l’Univers pourrait être une projection, à la manière d’un film de cinéma. Le véritable Univers ne serait pas ce que l’on croit, mais plutôt en réalité une masse compacte contenant toutes les informations qui la concerne.
Oui, la fois où vous avez perdu votre maillot de bain à la plage de Juan-les-Pins serait à jamais gravée dans le disque dur impitoyable de l’Univers. Dur.
Car, soyons fous, extrapolons : qui dit film, dit possibilité de revenir en arrière. Comment fabriquer la télécommande ? Laissons faire Mac Gyver, avec un jeton de caddie, une prise électrique de type B et un jeu complet de tournevis cruciformes, ça ne devrait pas poser trop de problème.
Se téléporter
La nouvelle d’un qubit téléporté a suscité pas mal d’émoi, et pas seulement chez les scientifiques. Je peux vous dire que mes voisins ont fait la fête jusqu’à 3h du matin.
Ce qubit, qui n’est pas une appellation créée par Patrick Sébastien, est la plus petite unité de stockage existante. Son transfert a été possible grâce à la fameuse intrication quantique, que tout le monde connaît ^^’
L’idée de se téléporter façon « Star Trek » est alors revenue dans les esprits.
Transporter les informations d’une particule et l’impression 3D (qui permet de fabriquer des objets à distance) sont-ils pour autant les prémices de la téléportation pour le vivant ? On irait dans une espèce d’aéroport (ou plutôt « Téléport ») et, hop, de Paris on se retrouverait à Tokyo en un clin d’œil. Gain de temps significatif ! Les applications iraient même jusqu’à passer de planète en planète.
Sauf que la complexité de la téléportation – soit la dématérialisation d’un objet depuis un point A et sa re-matérialisation immédiate à un point B distant – fait passer l’aéronautique et l’aérospatial pour des jeux d’enfant.
Bien que la Science suppose intrinsèquement qu’il n’existe aucune certitude, donc que la téléportation d’un être humain est hypothétiquement réalisable, plusieurs problèmes se posent.
D’abord, l’énergie pour produire cette désintégration (un corps humain). La puissance réunie d’une dizaine d’étoiles n’y suffiraient pas.
Cela dégagerait en outre une chaleur phénoménale. Ça vous tenterait, vous, de griller comme ça ^^ ?
Ensuite, ça pose un questionnement existentiel : le moi téléporté, est-ce vraiment moi ou une espèce de clone ?
D’un point de vue philosophique et scientifique, on peut supposer qu’il est impossible de refaire deux fois un objet strictement à l’identique.
Dans le film « La Mouche » de Kurt Neumann (1958), qui connut un remake en 1986 de David Cronenberg, la problématique de l’espace de réception des « particules humaines », si je puis dire, fut évoquée. En effet, sans aller jusqu’à fusionner avec un diptère, il faudrait que l’espace de réception soit absolument vide (je parle à des échelles subatomiques).
Enfin, il faudrait prendre en compte la façon dont serait gérée la pensée humaine, toujours en activité, même dans le coma, ainsi que tout autre activité organique.
Dernier petit inconvénient : vu la difficulté extrême de l’opération, j’imagine que la téléportation se ferait dans le simple appareil. Voilà qui pourrait être gênant 🙂
La seule façon de parcourir instantanément une distance importante tiendrait sur l’existence (supposée mais jamais prouvée) des trous de ver. Ces derniers seraient des espèces de passages entre deux régions éloignées de l’espace-temps.
Dernièrement, l’hypothèse de l’existence des trous de ver a été reconsidérée comme cause possible afin d’élucider un paradoxe des trous noirs (oui, encore eux !).
Cela dit, à bien y réfléchir, le déplacement instantané n’est-il pas au fond l’opposé même du voyage 😉 ?
En conclusion, je dirai que… oh excusez-moi, je dois vous laisser : il semblerait que Mac Gyver ait terminé sa machine inter-dimensionnelle et il n’y aurait – c’est le cas de le dire – plus beaucoup de temps pour partir (le chewing-gum qui sert de matrice quantique serait instable, à cause du parfum menthe, selon lui).